Abbey Lincoln

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BIOGRAFIA
Abbey sings Abbey

« Elle est passée au studio à New York, quand j’enregistrais « And It ‘s Supposed to Be Love », une de ses chansons qui parle de la violence conjugale. Et j’ai été aveuglée par sa lumière… »
Ayo

En une traversée oblique et singulière des multiples courants et tendances qui ont façonné ces cinquante dernières années le paysage incroyablement riche et complexe de la musique afro-américaine contemporaine, Abbey Lincoln s’est imposée progressivement aux yeux de tous comme la grande chanteuse de jazz des années post-free. Parfaitement intemporelle dans sa façon de creuser avec une intelligence musicale confondante et une obstination bouleversante le sillon anonyme d'une tradition, qui de Bessie Smith à Billie Holiday, n’a cessé de chanter la violence et le tragique de la dépossession au cœur de l’expérience noire ; et dans le même temps constamment sur le qui-vive, engagée "corps et âme" dans la réalité tumultueuse de l'histoire de sa communauté, toujours prot to be stirred by prevailing moods and so cause her voice to be heard "here and now", Abbey Lincoln is, without a shadow of a doubt, one of the freest, most talented artists of our time. And yet, though every one of us agrees on the hypnotic strength an voix âpre et sophistiquée, la puissance expressive de son phrasé déchiré, tour à tour abrupt et languissant, constamment bouleversant dans sa façon de s’aventurer toujours au bord du gouffre en un lyrisme exacerbé volontiers pathétique et théâtral — en un mot si Abbey Lincoln est aujourd'hui unanimement tenue comme une interprète hors norme, laissant résonner et chanter en elle la voix intime du "peuple du blues" chaque fois qu’elle s’empare d’un standard, une part essentielle de son génie créatif demeure encore curieusement mésestimé quand il n’est pas tout bonnement occulté.

Car Abbey Lincoln est également un extraordinaire auteur-compositeur — un « songwriter » d’exception dont l’univers, extrêmement personnel, tout en s’inscrivant sans conteste du poitional angle, within the vast gestures of emancipation of the Afro-American people -, still goes largely beyond the (formal) limits of traditional jazz to deploy itself at the confines of the genres that make up all the richness and diversity of American pla culture populaire américaine, participer indiscutablement d’un syncrétisme parfaitement contemporain.

Cette vocation d’auteur, Abbey aime à la faire remonter à l’orée de sa carrière, lorsqu’en 1961, après trois disques résolument hard-bop pour la marque Riverside, elle enregistra sur l’album Straight Ahead (Candid), entourée d’une pléiade de musiciens de premier plan (de Coleman Hawkins à Eric Dolphy en passant par Max Roach), une version hallucinée de Blue Monk, plaquant pour la première fois la poésie de ses propres mots sur la plasticité d’une mélodie. Thelonious Monk, présent lors de la séance lui lança alors, à l’issue de la prise, d’un air énigmatique : « Toi, tu es un vrai compositeur ! » Des paroles en tout point prophétiques qu’Abbey Lincoln garda longuement et précieusement dans un coin de sa mémoire.
Car ce n’est que bien des années plus tard, en 1973, dans l’album « People in Me », au sortir d’une longue éclipse, que la chanteuse enregistra pour la première fois une chanson entièrement compo words and her music. And it was not until the Nineties, when Jean-Philippe Allard and Daniel Richard put the finishing touches to her creative resurrection when they signed her to Verve Records, that she dared take full and definitive responsibility for h définitivement ses talents de compositrice, enregistrant alors une série de disques somptueux aux répertoires majoritairement composés de chansons originales.

C’est ce jardin secret qu’Abbey Lincoln a décidé aujourd’hui de révéler au grand jour en interpforms exclusively personal songs (apart from the legendary Blue Monk, which opens the record and operates as a kind of talisman), songs carefully chosen from the nine recordings she made for Verve over the last fifteen years. With a consummate sense of thes. Alternant avec un sens consommé de la dramaturgie, lentes ballades crépusculaires, quasi statiques dans leur imperceptible déploiement ; chansons à la sophistication intemporelle et mélodies plus archaïsantes aux confins de la country et du folk, Abbey Lincoln, récapitulant chaque fois, par petites touches impressionnistes, et comme sans en avoir l’air, cet art si savamment « naturel » de la phrase, de son déroulé intime, de ses brisures et suspensions, déploie ici les sortilèges d’une musique de la fêlure qui ne s’avoue pas, et jouant constamment sur la corde de l’émotion avec discrétion et retenue distille dans la moindre inflexion une mélancolie proprement bouleversante.

Pour parvenir à ce miracle de sensibilité et donner forme et vie à ce projet périlleux, Abbey Lincoln a innové en s’entourant pour la première d’une petite formation composée non pas de jazzmen émérites comme à l’accoutumée, mais de musiciens de studio rompus à tous les styles de la musique populaire américaine. Mené avec doigté et intelligence par Larry Campbell, guitariste extraordinaire de précision plébiscité par les plus grands (il a notamment joué longuement aux côté de Bob Dylan), ce groupe de musiciens exceptionnels d’humilité et de sensibilité possédant au plus haut point cet art de l’accompagnement sans affectation, fondé sur la retenue et la fluidité, évite tout au long du disque tout pathos et toute tentation de virtuosité, pour ne s’inquiéter, en arrangements raffinés et minimalistes embrassant tout le spectre de la musique populaire américaine (de la country rêveuse au blues du delta, du jazz des origines au folk-pop post-moderne…), que de rendre grâce à l’harmonie des mots et de la musique. Jamais sans doute les talents de mélodistes d’Abbey Lincoln n’ont été mieux mis en valeur qu’ici.

Gorgé de mélodies vénéneuses, pulsé de grooves insidieux, hanté par la force et la mélancolie inextricablement mêlées d’une vie d’engagement et d’amour fou, ce disque somptueux s’inscrit d’ores et déjà dans l’histoire de l’art vocal afro-américain comme l’un de ces chef-d’œuvres rares auxquels on revient régulièrement pour se ressourcer.

Photo: Jean Marc Lubrano